A relire les comptes rendus des débats dans les instances de France Galop, je suis frappé de constater le manque de stabilité qu’on propose aux propriétaires pour définir une politique des allocations. Un manque de stabilité qui explique une perte de confiance en l’avenir d’un certain nombre d’acteurs des courses.
Ainsi, pendant la mandature 2016/2020, il avait été décidé de supprimer les primes (propriétaires et éleveurs) pour les chevaux d’âge en plat. J’avais alors largement milité contre cette mesure. Au début de la mandature suivante, virage complet et le nouveau Conseil d’Administration revint sur cette mesure. Au gré des débats, on décide d’augmenter les primes pour les jeunes chevaux, puis constatant enfin que les chevaux d’âge sont indispensables à la recette on annonce une nouvelle volte-face. Le débat sur l’opportunité de maintenir les primes revient régulièrement. Chacun devrait se positionner sur ce point. Pour ma part, je considère que les primes propriétaires comme éleveurs ont fait la richesse du label FR et doivent être défendues et les taux stabilisés.
Être propriétaire, et plus encore être éleveur demande de la visibilité. On ne peut changer de politique chaque année. En début de mandature l’équipe dirigeante doit annoncer le cap pour les 4 ans à venir et s’y tenir afin de rétablir un climat de confiance.
En 2015, on a constaté un décrochage du nombre de chevaux à l’entraînement qui -logiquement – est la conséquence de l’effritement progressif des encouragements distribués et dont les progressions des dernières années sont insuffisantes par rapport à l’inflation. Pour garantir un retour à la croissance, il faut fixer un objectif du retour à 10 000 chevaux à l’entraînement, ce qui ne peut se faire que par une politique dynamique de croissance des allocations en partant de la base de la pyramide. Cette analyse vaut autant pour le plat que pour l’obstacle avec une remarque particulière au sujet du plat : elle vient du décrochage inquiétant du nombre de 2 ans à l’entraînement ce qui – si on ne fait rien – laisse augurer d’une tendance irréversible et de long terme.
Dans la construction budgétaire telle que j’ai été souvent amené à la vivre, les allocations étaient fixées en tout dernier lieu, comme la variable d’ajustement de l’équilibre de l’ensemble ainsi qu’en témoigne la pratique qui consiste à ne plus verser 100% des primes mais à effectuer une retenue qui sera versée si la situation le permet…. Je considère au contraire que les allocations constituent le premier des investissements, le carburant nécessaire à l’écosystème des propriétaires et des éleveurs et qu’il faut ajuster les autres lignes du budget en fonction de l’objectif qu’on s’est fixé.
Cette indispensable visibilité nous la devons à ceux qui investissent. Il ne me semble jamais souhaitable de bouleverser les grands équilibres en « prenant aux uns ce qu’on veut distribuer aux autres ». Ainsi, il est important de sanctuariser les sommes consacrées aux épreuves dites de caractères gras qui font la qualité du label FR. Mais j’ai affirmé clairement que je souhaite une politique de distribution qui parte d’une consolidation de la base de la pyramide afin d’attirer plus de chevaux à l’entraînement, plus de propriétaires dans chaque catégorie. Cette l’évolution de la répartition des allocations doit se faire par l’affectation des recettes nouvelles issues d’une politique volontariste de croissance.
Il faut redonner confiance aux propriétaires par une politique des allocations qui permettent à ceux qui sont à la base de la pyramide de poursuivre leur activité puis de la développer. Qu’on ne me dise pas qu’il s’agit de distribuer trop d’argent aux « mauvais chevaux ». Il s’agit d’encourager le plus grand nombre de propriétaires à faire vivre l’écosystème, à favoriser ceux qui investissent y compris des sommes raisonnables, à permettre de rêver. C’est parce qu’on aura beaucoup de chevaux à l’entrainement qu’on aura plus de bons chevaux et que la France sera compétitive sur la scène internationale.
En cinq ans, les allocations auront régressé de 63 millions par rapport à l’inflation. Cela suffit pour qu’on considère que la croissance des allocations soit l’investissement prioritaire.